
ette lecture simple et vivace. Une chair ferme, croquante et juteuse. Une trajectoire nette, une belle tension et une finale un peu sèche. Une grande pureté, une trame acide et fraîche. Le vin est un univers loquace dont les crémeuses descriptions et doctes analyses font frissonner nos dimanches. On puise sans plus de précautions dans un langage fleuri et charnel, car le vin, on en parle autant qu’on en boit. La toute-puissance analytique de notre époque cherche à dompter ce vocabulaire, à identifier les aldéhydes plus précisément, à évaluer le plaisir sur une échelle de 1 à 100, et par là crée notre amusement devant les savants-dégustateurs, véritables potentats créant légendes et brisant réputations. Ah ! nous sommes loin de ces très anthropomorphiques descriptions du XVIIème siècle lorsqu’on disait d’un vin qu’il peut être coquin, aimable, généreux ou brutal. Lorsque le vin était vendu par des apothicaires pour leurs qualités toniques, fortifiantes ou reconstituantes. Evolution des styles dirions-nous… Mais derrière la cravate objective on ne peut s’empêcher de recourir à la chair, à la robe et au corps. D’où cette question que j’ose poser, puisqu’il faut briser les tabous, doit-on parler du vin en recourant au langage scientifique, à celui des arts ou se contenter de très parlantes allusions anatomiques ?